Le minium et la mine orange
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La grande variété des signes utilisés au début de la chimie témoigne d’une recherche complexe sans cesse grandissante.

Cette activité va contribuer à augmenter la palette du peintre par l’apport de pigments issus des oxydations provoquées de métaux.

C’est à partir de la céruse de plomb que l’on va préparer par “conction” l'un des rouges le plus utilisé dans la peinture d’alors.

C’est un tétroxide de plomb répondant à la formule Pb3O4.

Il est probablement l’un des plus vieux pigments artificiels.

C’est aussi une couleur qui peut être naturelle, bien que rare sous cette forme.

Elle est alors le résultat de l’altération de la galène ou de la cérusite.

Enluminure Arthur & Lancelot f°1 v. plan de fuite « paysage »
Pierre de galène

Vitruve et Pline (Vit. 7 ; 12,2 et Pli.35 ; 38) nous rapportent l’anecdote de sa fabrication chez les romains :

À la suite de l’incendie d’une villa dans le Pirée, on aurait découvert dans les décombres un vase à fard à base de blanc de plomb transformé en poudre rouge.

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Pigments de rouges "minium"

Les égyptiens ne devaient pas le connaître avant la période gréco-romaine et c’est Vitruve qui, le premier dans notre monde occidental, en décrira la fabrication.

 

C’est un pigment qui fut souvent confondu dans les textes anciens avec le cinabre.

(Par exemple, Pline donne le nom de “minium” pour le cinabre et “minium secondarium” pour le minium de plomb.)

Au Moyen Âge, le terme de minium semble s’imposer.

 

Ainsi Théophile parlera de "cerosa et minio" (Chap. XLIV) pour une recette permettant, à partir de la céruse, de fabriquer un minium :

« … Quand vous en aurez assez (de céruse) et que vous voudrez faire du vermillon, broyez la céruse sur une pierre sans eau, mettant dans deux ou trois vases neufs, placez sur des chardons ardents ayez un fer mince recourbé adapté par un bout à un bois et large au sommet, avec lequel vous remuez de temps en temps cette céruse. Vous ferez cela jusqu'à ce que le vermillon devienne entièrement rouge. »

Enluminure Arthur & Lancelot f°1 v. plan de fuite « paysage »
Minium et mine orange

Les autres manuscrits médiévaux et postmédiévaux font largement référence à la fabrication du minium,

soit à partir du massicot, soit à partir de la céruse.


Le pigment perdra au fil du temps sa renommée et Wattin dans son manuel paru en 1772 (L'art du peintre., doreur,

vernisseur) est un des derniers auteurs à en vanter les qualités :

« Le minium est excellent pour la détrempe… et s'emploie à l'huile estant bien broyé. »

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Nuancier du minium

Préparation du minium (ou mine orange)

(La céruse, vers 300° prend de l'oxygène pour le transformer en minium.

La température ne doit pas dépasser ≥ 550°, parce qu'alors, c'est la réaction inverse qui se produirait.

Le pigment est chauffé plusieurs heures en remuant très souvent afin de renouveler la surface de contact avec l'oxygène de

l'air.)

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La céruse est mise sur le feu.
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En chaufant rapidement le massicot se développe…
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… on continue le chauffage.

La céruse est mise à chauffer sur un feu vif. Très rapidement, elle se décompose en

gaz carbonique et eau qui s'évaporent, et c'est l'oxyde de plomb jaune (le massicot) qui apparaît alors.

On peut arrêter là le travail si l'intention initiale était d'obtenir un massicot.

(Voir page des jaunes artificiels).

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Jour et nuit...
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Lentement en tournant notre "céruse", la poudre vire au rouge/violet brique.
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On laisse lentement la poudre se refroidir.

Le chauffage vif durera pendant presque deux journées… et une nuit ! de temps en temps,

la poudre sera remuée afin de renouveler la surface de contact avec l'air.

Le lendemain, en fin d'après-midi, nous laisserons lentement mourir le feu. La couleur

d'abord, violette se transformera en refroidissant doucement en un orange vif. Le minium

ou plutôt, la mine orange est terminée.

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Comme tous les composés plombifères, il noircit en présence de sulfure et d’hydrogène sulfuré.

Éviter le mélange avec un pigment contenant du soufre : (cinabre, orpiment…)

 

Ainsi, en 1827, Bouvier in (Manuel des jeunes artistes et amateurs de peinture) en fait un portrait peu flatteur :

« … Or cette couleur ne vaut rien pour les tableaux ; elle noircit beaucoup quand, on l’emploie à l’huile, et fait également noircir les cinabres qui sont des composés de soufre et de mercure. »

 

Mérimée lui nous laisse une description fort intéressante de sa fabrication (p. 123) :

« … Un degré de plus d’oxydations transforme le massicot en minium. On prépare cette couleur en calcinant le massicot… Parvenu au rouge obscur, il devient pourpre ; mais cette couleur, due à la chaleur, disparait en refroidissant… Le massicot, en refroidissant très lentement, absorbe l’oxygène de l’air et prend une couleur orangée d’autant plus belle que le refroidissement est lent. »

Et, fait cette remarque judicieuse :

« Si, au lieu de massicot, on fait calciner de la céruse, on obtient de la mine orange : c’est toujours un minium, d’une teinte plus claire et plus brillante. »

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La fabrication du minium, mine orange ou massicot, est très dangereuse (Intoxication par les vapeurs chimiques, etc. …)

 

À ne pas recommander sans expérience. Faire preuve de multiples précautions de sécurité.

Prendre des mesures de protection : gants, masque à gaz, combinaison...

 

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