Bleu de smalt (bleu de cobalt)

Le smalt

Le bleu de smalt

Enluminure Arthur & Lancelot f°1 v. plan de fuite « paysage »
Nuancier du smalt.

Le smalt fut probablement utilisé, en premier lieu, pour la fabrication des émaux et la coloration du verre.
(En italien, smalto = émail)

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Bleus de smalt.

En Égypte ancienne, la coloration du verre se faisait vraisemblablement en faisant réagir du natron (*) sur des aluns chargés en cobalt.
L'oxyde de cobalt employé seul donnerait une teinte gris-bleu mais la silice contenue dans la pâte de verre permettra de provoquer lors de la cuisson une réaction chimique qui donnera naissance à un silicate de cobalt d'une teinte d'un beau bleu vif. (voir pour cela "l'Art du vitrail" d'Antoine de Pise, XIVᵉ siècle).

Ainsi, dans cet ouvrage, Antonio da Pisa évoque le chafarone (le saffre) de provenance d'Allemagne et vendu dans toute l'Europe.


Vers le Xᵉ XIᵉ siècles, un verre potasso-calcique est fabriqué directement en Europe, en général avec des plantes riches en potasse (verre de bruyère). C'est à ce moment-là, probablement, que l'on va utiliser le saffre pour colorer la pâte.

Au XIIIᵉ siècle, on retrouve sur deux enluminures (Ms. Ludwig II.5 - f°76r. et 190v.) l'utilisation d'un bleu de cobalt (smalt).


  • (*) Natron : carbonate de sodium décahydraté : Na2CO3.10 H2O. Qui se trouve sous forme naturelle à la surface de certaines roches évaporitiques en présence d'eau.

Le smalt est donc un verre potassique coloré en bleu avec du saffre. C'est un silicate double de cobalt et de potassium de phase vitreuse. De composition chimique variable et de structure amorphe, sa formule de base se résume à : CoO.2SiO2.K2O.2SiO2.

Vers le XIII/XIVᵉ siècle, (probablement bien avant), on a découvert en Saxe, aux marches de la Bohème des minéraux d'arséniure (smaltite) et arséniosulfure (glaucodon) de cobalt.

Les résidus d'extraction et de calcination était chauffé avec de la silice et de la potasse. Il formait en surface un verre coloré : le smalt.

Enluminure Arthur & Lancelot f°1 v. plan de fuite « paysage »
Bloc de smal en sortie de four.

Il possède une bonne solidité à la lumière toutefois on observe une dégradation d’origine chimique lorsqu’il est employé dans des huiles.

En revanche, en détrempe ou dans les fresques on ne rencontre pas de problème particulier.

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Pigments de smalt.

Préparation d'un bleu de smalt

Préparation d'un bleu de smalt

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Les différents ingrédients sont broyés finement et mélangés dans le mortier.
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Mis dans des creusets, le tout sera chauffé au four.
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Lorsque le temps estimée de chauffe est atteint nous retirons les creusets du four.
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Le bloc, lentement se refroidira.
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Le refroidissement est total...
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... le bloc est décarcéré du creuset.
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Le bloc sera broyé à la meule puis sur la pierre.
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Le pigments sera ensuite longuement lavé, et séché.

Il y a peu de recette de description de la fabrication du smalt au Moyen Âge.
Toutefois, au XVIᵉ siècle (1580), on peut lire sous la plume de Lazarus Ercker un aperçu de ses observations :

  • « Le résidu modulaire obtenu dans les deux procédés de fusion en plein vent ou dans un four est utilisé pour la production de grandes quantités de pigment bleu saffre. Il est utilisé pour colorer le verre en bleu. Il est vendu et expédié aux verreries un peu partout. »

Il parle bien là, de deux produits : saffre (gris-bleu envoyé dans les verreries pour la coloration de la pâte de verre) et smalt le pigment bleu.

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Pigment de smalt.
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Pots de pigments de smalt.

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