Le bleu de cuivre : bleu cuproammoniacal
Le bleu de cuivre : bleu cuproammoniacal
Le vert/bleu de cuivre dont Turquet de Mayerne dit :
- « La cendrée quelle quelle soit, mesme la plus belle se faict avec le vert de gris, et partant elle meurs et s’altère pour belle qu’elle soit. »
Qui, « frais », donne un bleu proche d’une azurite, mais posé Après quelque temps, (lorsqu'il a perdu son ammoniaque), dérive vers un bleu/vert, quelquefois plus vert que bleu d'ailleurs.
Les fresques de la fin du XVᵉ siècle de la chapelle du château de l'Anglard (03800 Mazerier) n'ont sans doute pas été peintes avec un pigment d'azurite, ce qui aurait été trop onéreux à l'achat ; mais probablement avec un bleu de cuivre (complexe cuproammoniacal + chaux).
Dans le temps, peut-être à cause d'un apport d'humidité (fuites ?) ou d’un changement endogène du pH de la zone, une partie de ces peintures, au niveau du ciel, a connu une altération importante de la belle qualité chromatique du bleu initial. Plausiblement par l'acidification et perte de l'alcalin (chaux) ou/et du sel d'ammoniac [chlorure d'ammonium (NH4Cl) ou carbonate d'ammonium (NH4)2CO3] ayant présidé à la fabrication du pigment de la voute céleste, pour revenir vers le vert primitif de l’oxydation du cuivre.
Préparation d'un bleu cuproammoniacal.
Préparation d'un bleu cuproammoniacal.
Si la cendre bleue n’a été découverte, par hasard, dit-on, qu’à la fin du XVIIᵉ siècle (acide nitrique sur lames de cuivre, il en résultait un liquide verdâtre : le nitrate de cuivre. Ce dernier servait à noyer une craie, ce qui provoquait un précipité et le pigment par décantation se sédimentait au fond de la bassine.)
Il existait, bien avant, plusieurs recettes concernant des pigments bleus artificiels portant le nom de cendre, cendre bleue, cendrée bleue, bleu céleste, cendre d’azur… .
Concernant ces pigments cupromamoniacaux, Turquet de Mayerne nous dit :
- « Spéculation sur le bleue : l’eau céleste avec chaux vive et sel d’armoniac dans un bassin cuivre et fort bleue si à l’eau seconde cuivreuse on adjouste de l’ammoniaque elle deviendra bleue, possible que celle portée sur Céruse ou sur Craye, les fera bleues approchantes de la Cendre d’Azur ».
L’eau céleste de Turquet de Mayerne est un beau bleu, c’est un mélange de sel d'ammonium probablement : (NH4CI) et de sulfate de cuivre.
Le problème est qu’ils ont tendance à dériver vers les verts par perte d’ammoniac (NH3).
Le bleu d'aigue-marine
Le bleu d'aigue-marine
Nous trouvons aussi l’aigue-marine teintée (Ms. Byzantin parcellaire) qui donnera un bleu pâle sans consistance
Cette couleur, peu honorable est à oublier.
Bleu d'argent (?)
Le bleu d'argent (?)
Reste le grand mystère du bleu d’argent.
Albertus Magnus en donne une recette dans son ouvrage de magie des campagnes “Le Grand Albert”.
Plus tard, nous retrouvons la recette chez d’autres auteurs depuis “De Arte Illuminandi” jusqu’au manuscrit de Turquet de Mayerne au XVIᵉ siècle.
Il paraît y avoir avec ce pigment une « charge superstitieuse » liée peut-être à l’argent qui avant 1934 (date de la découverte de la pénicilline, ) a été, et cela, depuis la plus haute antiquité, largement utilisé pour traiter diverses maladies infectieuses.
Le Dr. Théodore Turquet de Mayerne ne dit-il pas :
- « … A ce moment les plaques d’argent avec le sel et tous les autres ingrédients sont devenus d’une très belle couleur azur, qui résiste au feu, et à toute épreuve ».
Ce qui parait peu vraisemblable !
Pourtant, si l’on se réfère au paragraphe précédent (Les fresques de la chapelle du château de l'Anglard) traitant de la cendre bleue au XVIIᵉ siècle, il nous est dit que les lames de cuivre étaient plongées dans de l’acide nitrique.
Pourquoi cela à l’origine ? :
C'était par volonté de purifier le cuivre des scories d’argent. Ces dernières se précipitaient au fond du baquet sous forme d’une pâte noire.
Ce qui surnageait était le nitrate de cuivre, liquide verdâtre qui servait lorsqu’on le versait sur la craie, à provoquer le précipité qui allait donner naissance au pigment de cendre bleue.
Ne retrouverions-nous pas là, notre argent et ses hypothétiques sels bleus ?
Contact
Adresse postale
Mireille et Renaud Marlier
15, Route de l'envers
88120 BASSE SUR LE RUPT
Courriel
contact@enluminure-peinture.fr
Téléphone
+33 (0)7 81 92 54 12